Voyage dans un monde lunaire

Sous douce et délicate atmosphère

Et porter la gourmandise du printemps

Au bout de ses doigts verdoyants

« Ce soleil m'aveugle, je n’y vois goutte !

Cela m’apprendra à faire la coquette

Et laquer mes volets rutilants !

Vite un nuage, qui sera ma casquette ! »

Et nuage il fut, peu de temps après…

Usé,

blasé,

déchiré,

délabré,

détérioré,

dévasté,

fatigué...

Cachée, bien cachée derrière,

Placide, sombre et sereine,

Elle est là, ressassant sans manières,

La mer du Nord en son domaine…

Blankeberge, Belgique

(Terrasson-Lavilledieu, détail d'une fontaine)

Frôler le bleu du doigt,

Et s’engager vers l’ombre,

Laisser la berge derrière soi,

Pour filer vers décembre…

Etang de fallavier

Longtemps sa colère gronda,

Voir s’enfuir l’été, il n’acceptait pas.

Ses rayons agrippés aux nuages,

Sonnaient la cloche de l’orage.

Tourmentant les cieux, il pleura.

Dans sa peine,

Doucement,

L’automne s’installa.

Sombre histoire que celle-ci,

Par un soir d'été calme et serein,

Vers l'ouest mon regard s'est porté,

Terrassé par une stupeur sans fin :

Les extraterrestres étaient ici…

C'est tellement facile de l'oublier,

De le laisser trainer de ci, de là,

En se disant qu'il saura bien s'adapter,

Et rester droit comme un échalas...

Sur la brique, sur la pierre,

Sur les ponts, sur les canaux,

Sous les alcôves, dans ta bière,

Se chante l’accent des jolis mots.

Qui aurait pu croire

Qu’un simple pinceau coloré

Pouvait changer la face du monde ?

Amis des éléments, puissants de leur puissance,

Ils lèvent leur bras au ciel dans un concert sourd et indolent,

Pour chanter l'âme triste et bienveillante

D'un Van Ruisdael ou d'un Monnet...

Si l’Homme dans sa grande fringale,

Avait prévu d’enfermer la lueur en cage,

Il serait en définitive bien sage,

Que la dite geôle soit magistrale…

Quelques mots qui s’envolent,

Quelques espoirs qui s’y accrochent,

Traversent les arcades et filent vers les nuages,

Empruntent l’arc-en-ciel, entrent dans la stratosphère,

Dépassent la voie lactée, transpercent l’univers,

Et redescendent en brume légère,

Pour se poser sur la terre…

Lacher les branches,

Et se lancer...

Allez !

Quelle est l’étrange créature,

Qui, cachée derrière les grues,

A allumé, de si bon matin,

Son gros pétard mystérieux ?

Port de Gerland - Lyon

Serait-il possible de voir

Que la route devant nos pas

Ne soit pas celle à croire

Pour partir plus haut là-bas ?

Un flash de lumière,

Le froid, le vide…

Tous nous avons fait face

A notre premier jour sur terre.

Et si j'allais lire un peu,

se dit la lune...

En passant de l'ombre à la lumière,

Les reliefs deviennent incendiaires.

Le cri du bois, la vie de la pierre,

Filent telle une montgolfière...

Une main tendue

Sortait de l’eau trouble

Serrant dans son poing vengeur

L’épée magique du Roi.

Flottant dans l’espace-temps

Un monde est dessous, un monde est dedans

La tête à l’envers, l’air, le vent

Et le souffle de l’eau lancinant.

C'est interdit, M'sieur'Dames...

Ah, ça non,

On ne passe pas !

Partir de la ligne du ciel

Et doucement dans un soupir

Aller mourir à l’horizon

Cueillir la grise merveille

Filer discrètement sans rien dire

Et s’évanouir en floraison